Page:Nichault - Le Moqueur amoureux.djvu/83

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sion qui se peignit dans ses yeux lorsque, après l’avoir cherché vainement, elle apprit qu’il était parti se soutenant à peine, Albéric eût été moins malheureux !



IX


L’orgueil, cet ennemi de toute conciliation, ce tyran qui condamne au supplice de paraître haïr le coupable qu’on aime, et punit l’offense quand le cœur a déjà pardonné ; l’orgueil se révolte dans l’âme d’Albéric : et bientôt étouffant tous les sentiments tendres qui le combattaient, il demande vengeance des humiliations qu’il endure.

— C’est assez livrer mon amour au mépris, dit alors M. de Varèze au colonel Andermont : on peut se résigner à l’indifférence par l’espoir de la vaincre un jour, on peut succomber sans honte à la douleur de se voir préférer un autre ; mais souffrir lâchement les dédains, l’ironie la plus méprisante, ce serait les mériter, et l’on ne peut accepter un rôle semblable sans s’avilir. Je ne saurais m’abuser, madame de Lisieux ne m’a montré quelque bienveillance que pour mieux s’assurer mon amour et l’immoler avec plus d’éclat aux yeux de ses admirateurs ; mais je ne leur donnerai pas longtemps le plaisir de s’apitoyer sur la victime. Un cœur indépendant, une gaieté maligne, m’ont attiré un mo-