Page:Nichault - Le Moqueur amoureux.djvu/87

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Avec quelle joie le maréchal accueillit la baronne et sa nièce ! que de fois il bénit la souffrance qui lui valait une si douce preuve d’amitié ! Mathilde se sentait rougir malgré elle, en recevant les témoignages d’une reconnaissance si peu méritée dans sa conscience. Elle n’aurait jamais eu le courage de parler de Maurice, tant elle avait peur de désabuser le maréchal : la bonté de son cœur lui faisait deviner tout ce qu’il y a de cruel à découvrir que la démarche dont on est sensiblement touché n’est due qu’à l’intérêt qu’un autre inspire.

Heureusement pour elle, madame d’Ostange, qui n’avait aucune raison de partager ses scrupules, dit au maréchal :

— Il fallait bien savoir comment vous vous trouviez, puisque M. Andermont ne vient plus nous donner de vos nouvelles.

— Excusez-le, répondit le maréchal ; je l’ai moi-même à peine aperçu depuis trois jours. Après avoir passé la nuit auprès de son ami, il vient me demander comment je me porte, et il retourne aussitôt chez M. de Varèze.

— M. de Varèze !… répéta Mathilde avec un effroi visible. Serait-il encore souffrant de sa blessure ?…

— Vraiment, il a manqué mourir l’autre soir en revenant de chez vous. Dup… lui avait bien recommandé de ne pas sortir avant que sa plaie ne fût fermée : il n’a tenu aucun compte de l’ordonnance, et on l’a ra-