Page:Nichault - Leonie de Montbreuse.djvu/104

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sance, et ces entretiens me laissaient toujours dans un état de mélancolie dont rien ne pouvait me distraire.

Un soir, étant toutes deux assises dans un endroit du parc d’où l’on apercevait un bosquet entouré d’une grille et qui semblait former un jardin particulier, je proposai à Suzette d’y entrer. Elle me répondit tout émue :

— Cela est impossible, mademoiselle, ce jardin est fermé ; mon père est seul chargé de l’entretenir et n’en confie jamais la clef à personne : c’est là que ma marraine allait si souvent pleurer, et c’est là…

Elle ne put achever ; les larmes qui coulèrent de mes yeux lui prouvèrent assez que je l’avais entendue ; je l’embrassai comme pour la remercier de regretter autant celle à qui je devais la vie.

Dans ce moment, Edmond passa près de nous, et parut effrayé de me voir inondée de larmes ; mais lui ayant rendu son salut de l’air d’une personne qui craint d’être importunée, il s’éloigna discrètement et fut rejoindre mon père au château. Suzette m’engagea