Page:Nichault - Leonie de Montbreuse.djvu/110

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inondé de larmes, en avait fait la confidence à mon père ; que celui-ci, attribuant mon chagrin à l’espèce d’abandon dans lequel me laissait Alfred pendant leurs promenades particulières, ils étaient convenus tous deux de les rendre moins fréquentes et d’imaginer d’autres parties de plaisir où je pourrais être admise.

Par ce calcul, les reproches faits à Alfred, ses tendres soins, les manières affectueuses d’Edmond, les projets du jour, tout se trouvait expliqué, et ce beau plan était l’ouvrage de la commisération de M. de Clarencey. Ma fierté fut blessée de devoir autant à un pareil sentiment.

J’approuvais toutes les avances d’amitié d’Edmond pour Alfred, j’aurais trouvé fort mauvais qu’il voulût nous brouiller, mais j’étais importunée de le voir se mêler de nos petits différents. Si j’avais pu lui soupçonner un peu de générosité dans le désir de nous réconcilier, j’aurais peut-être été plus indulgente, parce que j’aurais supposé qu’il enviait parfois à son ami, le bonheur d’être aimé de moi ; mais rien ne pouvait