Page:Nichault - Leonie de Montbreuse.djvu/119

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— Jamais je ne vous ai vue si gracieuse pour Edmond, me dit-il avec dépit.

— C’est que je ne l’ai jamais vu aussi soigneux pour moi, et que j’ai cru devoir diminuer le regret qu’il éprouve d’être en partie cause de mon accident.

— Ah ! toutes ces phrases étaient pour l’entorse ! reprit-il d’un ton amer, je ne l’aurais pas deviné, c’est dommage pour lui que vous ne vous soyez pas cassé la jambe, alors votre reconnaissance eût été sans bornes.

— Comme votre mauvaise humeur, répondis-je impatientée de cette conversation.

Ma tante l’interrompit pour critiquer à son aise les manières de madame de Ravenay qui ne trouvèrent point de défenseur. M. de Montbreuse, plongé dans une profonde rêverie, n’entendait rien de ce qui se disait. Chacun de nous revenait de cette partie de campagne différemment agité ; mon père était triste, madame de Nelfort mécontente, Alfred d’une humeur détestable, et moi souffrante et gaie.

En arrivant, je trouvai Suzette, qui m’attendait dans