Page:Nichault - Leonie de Montbreuse.djvu/121

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tant de choses pour me distraire de l’ennui de rester ainsi renfermée, que souvent je l’oubliais. Alfred lui-même était plus assidu près de moi, et paraissait prendre plus d’intérêt aux lectures que me faisait Suzette, qu’il n’en avait pris à celles que nous avions eu tant de peine à lui faire écouter lorsqu’il était malade.

Cependant sa présence continuelle n’avait pas pour moi tout le charme que mon imagination s’en était promis : son esprit, si vif, si gai dans le grand monde, où l’ironie a tant de succès, était d’un faible secours dans une société intime où personne n’a envie de se tourner mutuellement en ridicule. C’est là qu’il faut réunir toutes les qualités d’un esprit attachant pour y paraître longtemps aimable. Une bonne conversation se compose de tant d’éléments divers, que, pour la soutenir, il faut autant d’instruction que d’usage, de bonté que de malice, de raison que de folie, et de sentiment que de gaieté.

Alfred était loin de posséder tous ces avantages ; il en avait de brillants, mais point de solides, et, comme