Page:Nichault - Leonie de Montbreuse.djvu/126

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voir ; ma tante, dont les manières étaient trop franches pour recevoir de bonne grâce une femme qu’elle détestait, fit répondre que sa migraine la retenait au lit, et je me vis condamnée à un long tête-à-tête avec madame de Ravenay que, bien certainement, personne ne viendrait interrompre. J’en pris mon parti courageusement, et, pour l’empêcher de parler de moi, je lui fis à mon tour des questions sur elle et sur son neveu.

— Je suis étonnée, lui dis-je, qu’avec tant d’avantages et une si belle fortune, M. de Clarencey ait un goût aussi décidé pour la retraite.

— Vous le seriez moins, me répondit-elle, si vous saviez combien de choses pénibles ont déjà tourmenté sa vie.

— J’ai su par mon père que le sien avait été autrefois cruellement victime d’une injustice, et je croyais, madame, que ce malheur était le seul qui eût jamais affligé votre neveu.

— Et ne suffisait-il pas pour le rendre éternellement à plaindre ? Vous ignorez, ma chère enfant, les cruels effets d’une disgrâce qui n’a souvent d’autre motif que