Page:Nichault - Leonie de Montbreuse.djvu/140

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du mérite de les souffrir patiemment ; c’est en conséquence de ce principe que je me suis bien gardé de rentrer au château avant de m’être assuré du départ de la baronne de Ravenay.

— Vantez-vous de ce beau tour d’adresse, répondis-je à Alfred, lorsque l’on a, comme vous, la liberté de ne s’assujettir à rien, il ne faut pas tant d’esprit pour se délivrer de tout.

Ce commencement de querelle aurait probablement fini par quelques mots piquants, si nous n’avions été interrompus par ma tante qui vint me chercher pour me conduire à table ; c’était la première fois que l’on me permettait de marcher depuis ma chute.

Elle voulait me soutenir elle-même, se réjouissait de me voir parfaitement remise de ce petit accident, et s’étonnait du peu de satisfaction que j’en laissais paraître après lui avoir tant répété que mon premier pas serait un saut de joie. Mais j’éprouvais ce malaise qui naît souvent d’un mot ou de la moindre contrariété, et qui est moins facile à distraire que le chagrin le plus réel.