Page:Nichault - Leonie de Montbreuse.djvu/147

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Alfred dit ces mots en souriant, prit ma main, la baisa et me demanda cent fois pardon de m’avoir désobéie.

Sa bonté lui faisait craindre de me voir souffrir des inquiétudes de la jalousie ; je crus, en effet, éprouver un mouvement de dépit que j’aurais pu interpréter comme lui, si, dans ma bonne foi je ne m’étais avoué qu’un peu d’orgueil en était cause ; aussi l’impression en fut-elle aussitôt effacée.

Je m’engageai à demander le secret de cette visite aux personnes qui auraient pu en instruire mon père, ce qui me valut bien des caresses de ma tante, et je quittai Alfred sans lui laisser le moindre doute sur la sincérité de mon pardon.

Je méditai bien tristement sur ce pardon si facilement accordé ; quelque chose m’avertissait qu’un semblable tort méritait plus de ressentiment, et que tant de clémence ne pouvait s’acquérir qu’aux dépens de l’amour. Je m’interrogeais sur le sentiment que j’inspirais à Alfred, et, repassant en idée toutes ses actions, je me disais :