Page:Nichault - Leonie de Montbreuse.djvu/169

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Croyez-vous que mon ressentiment soit moins vif que celui de mon père ?

— Ah ! ma chère Léonie, répliqua-t-elle en fondant en larmes, je sais qu’Alfred est bien coupable, qu’il mérite votre courroux, mais non pas votre haine ; la rigueur de mon frère a causé tous ses torts, et je suis sûre qu’en cet instant son désespoir égale le mien.

» Ne joignez pas à ses remords l’affreuse idée de vous perdre, ou le reste de ma vie sera livré à la douleur. J’ai forcé cette nuit l’appartement de votre père ; il s’était renfermé pour se soustraire à mes prières, mais j’ai si vivement réclamé sa bonté, son indulgence, que, touché de mon profond chagrin, il m’a dit :

» — Eh bien, puisqu’il y va de votre vie, je consens à garder le silence sur ce qui s’est passé aujourd’hui, si ma fille n’en est pas instruite, autrement je ne saurais avoir plus d’indulgence qu’elle pour Alfred. Comptez sur moi pour respecter l’illusion qui fait encore le bonheur de Léonie. Alfred, dites-vous, la changera en réalité, je veux l’espérer, mais si ma fille vient demander ma protection contre un homme dont