Page:Nichault - Leonie de Montbreuse.djvu/184

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faire entendre à Edmond que je n’étais pas aussi complément dupe qu’il l’imaginait des perfidies d’Alfred, mais que ma générosité savait les pardonner. Je ne chercherai point à justifier le sentiment qui dicta cette résolution ; je le blâme, et pourtant je crois bien peu d’amour-propre à l’abri d’un pareil tort.

Voici comment s’enchaîna notre conversation.

Edmond. Madame de Nelfort se réveillera probablement en bonne santé, et vos inquiétudes d’hier seront entièrement dissipées. Je parie bien que vous avez souffert au moins autant qu’elle ?

Léonie. Peut-être plus !…

Edmond. Quoi ! seriez-vous malade ?

Léonie. Non ; mais je souffre de tout ce que je vois…

Edmond. Je conçois que l’état où s’est trouvée un moment madame de Nelfort ait dû vous affliger, mais il n’est plus alarmant. Bientôt, vous ne verrez près de vous que des gens heureux, et rien ne troublera plus votre bonheur…

Léonie. Mon bonheur ! Ah ! M. de Clarencey, vous savez bien que je n’en dois plus espérer !