Page:Nichault - Leonie de Montbreuse.djvu/195

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Et malheureuse Léonie !

M’écriai-je, en tombant à genoux sur les marches de ce tombeau que je baignai de mes larmes.

En ce moment, j’entendis marcher près de moi, et je vis mon père, ce malheureux Jules, pâle, l’air égaré et se soutenant à peine. Je volai dans ses bras ; il me serra contre son cœur, et nous restâmes longtemps sans pouvoir proférer une seule parole.

Mon père rompit enfin le silence, et dit en montrant le tombeau :

— Que l’exemple de sa mort te sauve au moins de son supplice. J’aurais voulu te cacher ses malheurs, te laisser ignorer l’insensé qui les causa, mais j’ai bien mérité, par mes regrets et mon repentir, le pardon de ma fille ; c’est moi qui t’ai privée du plus doux appui qui soit au monde ; c’est moi dont la légèreté blessa mortellement le cœur le plus tendre et le plus passionné, c’est moi qui détruisis le charme de ma vie, et c’est à moi, mon enfant, à t’apprendre comment, sans me croire coupable, j’ai conduit au tombeau la femme la plus adorable.