Aller au contenu

Page:Nichault - Leonie de Montbreuse.djvu/197

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

» Mon père venait de m’obliger à quitter le service pour suivre le duc de G*** dans son ambassade en Angleterre, quand je fus présenté, pour la première fois, chez la marquise de Céréville. Elle avait trente-six ans, de l’élégance sans beauté, et toute l’assurance d’une personne à la mode ; c’était la femme dont l’esprit faisait le plus de bruit à la cour. Chaque jour on en citait quelques traits piquants, on s’abordait en se disant : Savez-vous le mot de madame de Céréville sur monsieur un tel ? et ce mot était presque toujours un coup mortel pour la victime. Personne n’aurait osé décider du mérite de quelqu’un, avant de savoir l’avis de madame de Céréville.

» Son salon était le rendez-vous de tous ceux qu’une célébrité quelconque distinguait, et l’on en payait l’entrée par l’engagement d’une admiration continue pour tout ce qui sortait de la bouche de la maîtresse de la maison.

» Je fus d’abord ébloui de ce feu roulant de plaisanteries piquantes dirigées contre la marquise pour mieux assurer le succès de ses réparties ; mais j’aper-