Page:Nichault - Leonie de Montbreuse.djvu/20

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je m’en vengeai en prodigant à ma tante les soins les plus caressants ; j’affectai de lui parler avec autant d’abandon que je mettais de réserve dans mes réponses à M. de Montbreuse. J’aurais voulu pouvoir lui inspirer quelque jalousie de ma tendresse pour sa sœur : l’amour-propre ne dédaigne aucun moyen quand il veut se venger.

On se mit bientôt à table ; ma tante et moi étions seules de femmes, le reste des convives était composé du vieux maréchal de C…, de son fils, jeune homme rempli de suffisance et pédant comme s’il eût été le fils d’un maître d’école, de plusieurs étrangers recommandés à M. de Montbreuse, et d’un M. de Frémur, dont la grande prétention était de savoir les aventures les plus secrètes de Paris. Il les insinuait plus qu’il ne les racontait, ce qui donnait à chacun la liberté de les interpréter à sa manière et le mettait à l’abri de toute responsabilité. Il parla longtemps d’un air si fin et si mystérieux, que je ne compris pas un mot de ses piquants récits. Ce que je me rappelle bien mieux, c’est le moment où ma tante l’interrompit en lui disant :