Page:Nichault - Leonie de Montbreuse.djvu/209

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La première fois que je la vis à l’Opéra, je crus que le ciel me faisait apparaître la seule femme que je dusse aimer au monde. Celle que l’on me destinait n’avait aucun moyen de rivaliser dans mon cœur les charmes de madame d’Aimery, et j’en fus bientôt subjugué.

» Elle reçut sans colère l’aveu de mon amour : je me crus aimé. Dans l’excès de mon bonheur j’ai bravé le ressentiment de mon père, l’opinion des gens du monde et le respect que je devais à la famille de lady Erigton ; j’ai refusé la main de la fille, et suis venu mettre aux pieds de madame d’Aimery ma fortune et ma destinée.

» Ici le jeune Andley s’abandonna à tous les transports d’une passion exagérée pour me peindre le désespoir qui s’empara de son âme en voyant madame d’Aimery accueillir presque avec dédain les sacrifices et les offres d’un amour aussi généreux.

» À tous ces projets de bonheur romanesque, elle avait répondu par des raisonnements et par les représentations les plus sages sur les inconvénients qui pourraient résulter pour lui de la rupture de son ma-