Page:Nichault - Leonie de Montbreuse.djvu/211

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» Je me rendis aussitôt chez madame d’Aimery. Elle fit un mouvement de surprise en me voyant arriver d’aussi bonne heure, mais le soin qu’elle prit de me paraître très-étonnée de ma visite me prouva qu’elle l’attendait. Je lui en dis le motif, et voici la réponse que j’en obtins.

» — Ce n’est pas avec vous que je tenterai de me justifier du tort d’avoir voulu plaire à sir Charles Andley ; cependant ce tort n’est pas sans excuse, car j’espérais l’aimer, et si j’avais pu obtenir de mon cœur la soumission qu’exigeait ma volonté, j’aurais sacrifié sans regret, au lord Andley, ma liberté et mon veuvage.

» Flattée de son hommage et des sacrifices qu’il m’offrait, je me suis crue un instant sensible à son amour, et distraite d’un sentiment qui, depuis longtemps, tourmente mon âme. Cette erreur a causé ma faute et ses chagrins.

» En me trompant, je l’ai trompé, mais, au moment où j’ai reconnu que rien ne saurait triompher de l’unique pensée qui m’occupe et que j’aimais mieux vivre