» En ce moment Sophie se mit à genoux près du lit de sa mère, s’empara de sa main et la baigna de larmes.
» — Pourquoi pleurer, mon enfant ? lui dit-elle, ne suis-je pas heureuse ! Jules m’a promis de faire ton bonheur.
» En finissant ces mots, elle me fit signe de conduire sa fille à l’autel, et son regard semblait me dire :
» — Ne perdez pas un instant, j’en ai si peu à vivre !
» En agissant ainsi, madame de Céréville suivait son principe. Je lui avais souvent entendu dire que l’esprit servait à tout, même à bien mourir, et qu’à moins d’avoir perdu le sien, elle l’emploierait à déguiser l’horreur de ses derniers moments. En effet, elle ne pouvait supporter qu’on la questionnât sur ses souffrances, et répondait toujours :
» — C’est une chose convenue entre le ciel et moi, n’en parlons pas.
» Mais elle accueillait avec empressement tout ce qui l’agitait assez pour la distraire de son état, et le désir de marier Sophie sous de si tristes auspices avait