Page:Nichault - Leonie de Montbreuse.djvu/269

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qu’il avait peine à cacher ; il n’attendait qu’un regard pour épancher son âme ; mais, les yeux baissés et respirant à peine, je cherchais vainement un mot à lui dire qui ne fût pas trop tendre.

Edmond, interprétant bien différemment ma contrainte, rompit enfin le silence et me dit :

— Léonie, me suis-je abusé, et ne m’avez-vous dit hier un mot si touchant que pour me rendre le courage de défendre ma vie ?

— J’ignorais qu’elle fût en danger, répondis-je en balbutiant ; vous paraissiez si… calme.

— Ah ! dites si heureux ! jamais plus douce espérance n’a pénétré mon âme ! Un moment, Léonie, j’ai cru que votre cœur répondait au mien, j’en ai frémi de joie ; le passé, l’avenir, tout a disparu devant cette pensée divine, tout, jusqu’aux obstacles qui nous séparent.

» Qui pourrait me la ravir, me suis-je écrié, si son cœur me préfère ? Ah ! si j’ai pu n’adorer qu’elle après avoir été si mortellement blessé de son refus ; si, témoin de son penchant pour un autre, ma fierté n’a