Page:Nichault - Leonie de Montbreuse.djvu/27

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rappeler un souvenir qui paraissait m’affliger autant. Je me tournai pour lui cacher mes larmes ; dans ce moment mon père entra. Je congédiai Étienne en détachant de mon col une petite croix que je le chargeai de remettre à Suzette. Il sortit sans oser dire un mot de sa reconnaissance ; mais son regard m’en répondit. M. de Montbreuse, frappé de mon émotion et des larmes dont mes yeux étaient encore humides, garda quelques instants le silence, probablement pour chercher à en deviner le motif. Je m’attendais à le lui entendre demander, et j’éprouvais déjà l’embarras de la réponse ; mais je ne connaissais pas encore l’antipathie de M. de Montbreuse pour les questions, et l’esprit de justice qui l’empêchait d’imposer aux autres une sorte d’ennui qui lui était insupportable. Il ne m’en fit aucune, et, sans me laisser le moindre doute sur sa pénétration et sa discrétion, il me dit :

— On donne ce soir le ballet nouveau, je suis chargé de vous prévenir que ma sœur se fait une grande joie de vous y conduire ; elle viendra vous prendre à sept heures. J’ai consenti de bon cœur à satisfaire son dé-