Page:Nichault - Leonie de Montbreuse.djvu/44

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madame de Nelfort ; elle a déjà pensé me coûter la vie de mon fils, si elle ajoute à ce tort celui de rendre le malheureux, je sens qu’elle me deviendra odieuse. Voyez comme il est triste.

Voilà donc, pensé-je, la véritable cause de cette mélancolie dont il voulait me persuader que j’étais l’objet ! Quel manège ! et combien je devais mépriser celui qui en était coupable ! mais il fallait s’en convaincre avant de l’en punir, et le moyen s’en présenta bien vite à mon imagination. Sans réfléchir sur l’inconvénient qu’il y aurait à paraître émue de sa prétendue tristesse, je regardai Alfred avec plus d’intérêt ; je quittai ma place pour aller offrir des fleurs à une jeune femme à côté de laquelle il était assis. Enhardi par mon regard, il me demanda une des roses du bouquet que je tenais :

— Comment osez-vous, lui dis-je en souriant, demander quelque chose à une personne qui possède un si mauvais cœur ?

— Ah ! soyez plus généreuse, dit-il de l’accent le plus doux, prouvez-moi que je me suis trompé, et