Page:Nichault - Leonie de Montbreuse.djvu/49

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Voué de bonne heure à la diplomatie, s’il avait toujours courageusement repoussé l’insulté, il avait appris à mépriser l’injure ; et soigneux observateur des convenances, on pouvait les blesser impunément envers lui sans émouvoir sa susceptibilité. Je lui ai souvent entendu dire, en parlant d’un homme qui venait d’écrire contre lui, ou de se permettre quelque autre impertinence :

— Il faut que je lui fasse avoir une place.

Et toujours il tenait parole. Ce procédé était encore moins dû à sa grandeur d’âme qu’au plaisir qu’il éprouvait à triompher de son ressentiment. Il causait bien ; la profondeur, l’élégance et le bon goût caractérisaient la nature de son esprit, mais il manquait d’enthousiasme et de franchise, et, par conséquent, sa conversation n’était ni entraînante ni gaie. Il prétendait avoir été fort amoureux dans sa jeunesse ; je ne l’ai jamais cru. Sa galanterie soutenue pour toutes les femmes, sa crainte d’en offenser une en montrant sa préférence pour une autre, son profond respect pour les moindres considérations de la société, sa discrétion