Page:Nichault - Leonie de Montbreuse.djvu/53

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si le désir de vous plaire ne contraignait son caractère ? Je ne vous parle pas de sa liaison scandaleuse avec madame de Rosbel, des propos injurieux de cette femme que la jalousie anime contre vous, et qui sont inévitables, quand on reçoit les hommages d’un homme aussi peu discret que fidèle. Je veux croire que le bonheur de vous obtenir le ferait renoncer sans hésiter à cette espèce d’intimité, mais pouvez-vous vous flatter que ce fût pour longtemps ? À l’âge d’Alfred, avec ses goûts, et entouré d’amis qui le regarderaient avec dédain s’il ne bravait pas autant qu’eux toutes les bienséances, il reviendrait bientôt à ses premières habitudes ; et je verrais ma Léonie trahie, délaissée, passer ses plus belles années dans les larmes, et me reprocher de ne l’avoir point assez aimée pour assurer son bonheur en dépit de ses caprices.

Non, m’écriai-je non, mon père, vous déciderez de mon sort ; j’en dois croire votre tendresse, elle ne peut vouloir que mon bonheur ; vous connaissez ma faiblesse, aidez-moi à la surmonter ; soyez mon guide, et ne permettez pas que j’afflige le père le plus tendrement chéri.