Page:Nichault - Leonie de Montbreuse.djvu/62

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prit la main, la serra tendrement, et me dit à voix basse :

— Plus de courage, ma fille.

En effet la crainte de l’affliger m’empêcha de succomber à l’émotion qui venait de surprendre mon âme. Je m’efforçai de consoler madame de Nelfort que ses pleurs inondaient. Quand elle fut un peu plus calme, elle nous raconta que son fils ayant éprouvé la veille un vif chagrin dont il s’était obstiné à lui cacher la cause, avait accepté, dans l’espérance de se distraire, la proposition que madame de Rosbel lui avait faite d’aller souper chez sa cousine, madame de L***.

— Vous savez, ajouta-t-elle, combien le maître de cette maison est joueur ; à trois heures du matin quand toutes les femmes ont été retirées, M. de L*** a proposé à ceux qui restaient de se remettre au creps. On a fait servir du punch. L’ivresse s’est bientôt mêlée à l’humeur du jeu ; les perdants étaient intraitables et juraient de se rattraper à tout prix. Alfred avait encore trois mille louis à regagner, lorsqu’on est venu lui annoncer qu’un courrier du ministre de la guerre,