Page:Nichault - Leonie de Montbreuse.djvu/64

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J’aurais voulu en vain dissimuler à quel point je partageais les inquiétudes de ma tante ; j’ajoutais au chagrin de savoir Alfred coupable et malheureux, le reproche d’avoir causé son malheur ; car, si je lui avais appris avec plus de ménagement la nécessité où je me trouvais de l’éloigner de moi, peut-être ne se serait-il point rapproché de cette madame de Rosbel dont l’influence sur lui n’était jamais marquée que par des effets funestes. Dans cet état de douleur et de repentir, mon âme avait besoin de s’épancher et j’avouai tout à ma tante. Cet aveu la consola presque entièrement de son chagrin. Elle ne vit plus dans le malheur présent d’Alfred, qu’un moyen d’accélérer le moment de son bonheur. Sa faute était celle de l’amour, mon père ne pouvait lui refuser son pardon, et, moi, je devais récompenser tant de folie. Ce calcul paraissait si simple à madame de Nelfort, elle doutait si peu de la faiblesse de mon père, et ses projets flattaient si bien mes espérances, que je me livrai sans réserve à la confiance qu’elle voulait me faire partager.

M, de Montbreuse revint bientôt nous apprendre le