Page:Nichault - Leonie de Montbreuse.djvu/73

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fils ; mais cette illusion cessa bien vite. M. de Montbreuse ajouta :

— Le roi vient de m’accorder la seule grâce que j’eusse à lui demander. Il rend au fils de mon meilleur ami tous les biens dont l’imprudence de son père avait failli le priver pour toujours, et pour mettre le comble à la faveur qu’il m’accorde, il veut vous marier, Léonie ; je suis chargé de vous offrir l’hommage d’un des hommes les plus distingués de sa cour.

— Pardonnez ! ô mon père, interrompis-je avec chaleur, et plaignez-moi de ne pouvoir soumettre mon cœur à vos désirs ; il n’est plus à moi, j’ai vainement combattu ma faiblesse, j’aime Alfred ; puis-je accepter la main d’un autre ?… non, jamais… N’est-ce pas assez de renoncer à lui, de le voir s’éloigner ? Ah ! par grâce, mon père, n’ajoutez pas à tant de sacrifices le malheur de me séparer de vous !

M. de Montbreuse en m’écoutant avait pris un air sévère, qui, dans tout autre moment, m’aurait imposé silence ; mais j’étais dans une de ces situations de l’âme où le danger augmente l’énergie, et sans redou-