Page:Nichault - Leonie de Montbreuse.djvu/83

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la poitrine, la moindre imprudence pourrait lui funeste, et que sa convalescence serait longue. Cette bonne nouvelle arriva le même jour où ma fièvre commençait à diminuer, peu de temps après elle me quitta tout à fait ; je me rétablis, et, loin de me plaindre, je remerciai le ciel de m’avoir accablée d’une maladie sans laquelle je n’aurais jamais su à quel point j’étais chérie de mon père.

Eugénie ne m’avait point abandonnée pendant mes souffrances, mon père avait obtenu de la supérieure de son couvent, la permission de la faire sortir souvent pour venir me tenir compagnie, et j’éprouvais toujours un nouveau plaisir à l’entretenir des intérêts de mon cœur. De quel charme les femmes se privent en rendant l’amitié presque impossible entre elles ! Je mets au nombre des moments les plus heureux de ma vie ceux que j’ai passés près de cette bonne Eugénie qui, loin d’envier mes succès, en était fière, et dont le cœur partageait si bien tous mes sentiments ; il est vrai qu’Eugénie, assez jolie pour plaire, assez aimable pour intéresser, n’avait, ni l’ambition, ni les moyens de