Page:Nichault - Leonie de Montbreuse.djvu/85

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Depuis que mes forces commençaient à revenir, mon père nous conduisait presque tous les matins au bois de Boulogne. Un jour que je voulais prolonger notre promenade, il me dit qu’une affaire importante l’obligeait à se rendre avant trois heures, chez un de ses amis ; nous remontâmes en voiture, et, pendant qu’il offrait la main à Eugénie, je le vis donner mystérieusement à ses gens, un ordre que je ne pus entendre. Peu de temps après, nous entrâmes dans la cour de l’hôtel de Nelfort, je jetai aussitôt les yeux sur mon père, je le vis sourire de ma surprise et je devinai le retour de ma tante. Tremblante d’émotion, appuyée sur le bras d’Eugénie, je me laissai conduire sans dire un mot jusqu’à l’appartement où nous trouvâmes madame de Nelfort occupée à retenir son fils qui voulait, à toute force, se lever de son fauteuil pour venir au-devant de nous, malgré sa faiblesse et le danger de rouvrir ses blessures. La pâleur de son visage et la joie qui brillait dans ses yeux formaient un contraste qui donnait à sa physionomie l’air du délire. Dès que mon père l’aperçut, il courut à lui et l’em-