Page:Nichault - Marie.djvu/73

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SAINT-ELME.

Vous la protégeriez ! ô bonté tutélaire ! il se pourrait… Ah ! comment vous peindre à quel point ce bienfait me touche… Mais hélas ! il ne peut rien pour mon bonheur, puisque Marie elle-même…

LA MARQUISE.

Eh ! quoi, lorsque nous consentirions à ce lien ?

SAINT-ELME.

La cruelle s’y opposerait ! le croiriez vous ? c’est elle qui refuse ma main.

LA MARQUISE.

Ce refus généreux lui acquiert notre estime ; oui, une fille honnête ne peut accepter l’époux qui se dévoue à elle contre le vœu de ses parents ; mais lorsque touchée de ses vertus, toute une famille veut l’en récompenser…

SAINT-ELME.

Elle repousse ses bienfaits ; une fierté barbare l’emporte sur mon amour. Soumise au préjugé d’un monde injuste, sans pitié, elle se prétend indigne de porter mon nom. Et c’est en invoquant ma tendresse pour elle, que Marie me conjure de l’oublier, qu’elle m’ordonne de l’abandonner, comme autrefois l’abandonna sa mère.

LA MARQUISE, étonnée.

Que dis-tu ?

SAINT-ELME.

Que l’infortunée n’a pas même de famille, qu’elle doit tout à la charité d’Hélène, de Simon ; et, qu’hu-