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Page:Nichault - Marie de Mancini.djvu/14

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II


Tandis que cet entretien se passait dans le cabinet de la reine, au Louvre, le jeune Louis XIV, tout occupé de plaire à mademoiselle de Mancini, dont il connaissait l’esprit chevaleresque, ordonnait les préparatifs d’une grande course de bagues qui devait rappeler nos anciens tournois. Le soin que le roi mit à surveiller les moindres détails de cette course brillante révéla pour la première fois son goût pour les fêtes pompeuses.

Il sépara les grands seigneurs de la cour en trois bandes de huit chevaliers chacune ; se réservant de commander la première, il fit commander la seconde par le duc de Guise, et la troisième par le duc de Candale : c’était se choisir des rivaux dignes d’un souverain.

La livrée de la troupe du roi était incarnat et blanc, la seconde bleu et blanc, la troisième vert et blanc ; ils avaient tous des habits en broderie d’or et d’argent faits à la romaine, avec de petits casques en tête, couverts de plumes, et chacun avait une aigrette. Leurs chevaux étaient ornés de même, et chargés d’une quantité de rubans.

La course se fit entre le jardin du Palais-Royal et la façade du palais qu’habitait alors la reine d’Angleterre. Le roi s’était habillé chez le duc d’Anville, à l’hôtel de Brion[1]. Tous montèrent à cheval dans le jardin, et vinrent se montrer ensuite aux reines et aux

  1. Espèce de pavillon bâti dans le jardin du Palais-Royal, par le marquis de Brion, depuis duc d’Anville.