signe à M. de Maizières pour l’empêcher d’en dire d’avantage, et ce signe maladroit venait de porter l’attention d’Ermance sur ce point. Mais elle pria vainement Ferdinand de leur raconter ce qu’il savait des aventures de nos galants officiers à Vienne.
— Cela est trop vieux, répondit-il, on n’y pense plus. On croit seulement qu’au retour de ces messieurs il y aura de grandes révolutions dans les petits arrangements particuliers. La guerre a cela de dangereux, qu’en se portant d’un côté on laisse l’autre à découvert, et il y a presque toujours là quelque ennemi qui s’en empare, sans compter que le retour du maître est toujours suivi de plusieurs exécutions. D’abord il envoie au feu tous les galants de ses sœurs, et, comme on se bat toujours pour lui dans quelque coin de l’Europe, il a toujours un moyen de s’en débarrasser. L’Espagne en a enfoui plus d’un. Mais, à propos d’Espagne, dites-moi pourquoi Adhémar s’obstine à y aller ?
— Comment, il ne revient pas ici avec son général ? demanda M. de Montvilliers.
— Cela devrait être, répondit Ferdinand, et le maréchal M… disait l’autre jour devant moi qu’Adhémar avait été désigné parmi ceux qui ont un congé pour assister aux fêtes qui vont avoir lieu ; mais que, sur une lettre de lui par laquelle il demande à faire partie des régiments qu’on envoie en Espagne, on venait de lui expédier l’ordre de se rendre à Valladolid, pour rejoindre le corps d’armée du maréchal Suchet.
— En êtes-vous bien sûr ? dit madame de Cernan, en voyant pâlir Ermance.
— J’espérais apprendre ici que c’était un faux bruit, répondit Ferdinand.
— Il y a quelque temps que ma nièce n’a reçu des nouvelles de son mari, s’empressa de dire M. de Montvilliers en venant au secours de l’embarras d’Ermance, ce qui nous faisait supposer qu’il arriverait incessamment.
— S’il ne vous a point fait part de son désir d’aller en Espagne, c’est qu’on nous a trompés. Trop d’intérêts l’attirent