fit une ou deux questions sur ce que lui avait dit l’empereur à propos de lui, et se retira.
Sans les reproches qu’Ermance avait à se faire, la conduite d’Adhémar en cette circonstance lui aurait paru la conséquence toute naturelle du ressentiment qu’il conservait contre elle depuis son départ pour l’armée ; mais le souvenir d’un tort bien plus grave lui faisait oublier celui d’avoir décidé elle-même de leur désunion, en laissant sa lettre sans réponse. Elle se figura qu’il fallait qu’il eût quelque soupçon de sa faute pour la traiter avec tant de dédain.
— Si je n’avais excité que sa colère, pensait-elle, il me parlerait avec humeur ; chacun de ses mots serait un reproche dont moi seule connaîtrais l’amertume ; il me regretterait enfin, et tous ses soins pour m e le cacher ne parviendraient point à m’abuser ; mon cœur devinerait le sien en dépit de ses efforts, et son orgueil ne tiendrait pas contre mon amour. Mais le mépris, la méfiance ont remplacé les sentiments qui l’entraînaient vers moi, et bientôt sa vengeance rendra mon sacrifice inutile.
Ainsi la malheureuse Ermance ajoute à tous ses maux l’affreuse idée de ne pouvoir échapper au mépris de celui qu’elle aime !
Le lendemain, Adhémar se rendit de bonne heure chez le général Donavel, qui devait le même jour rejoindre l’empereur à Compiègne ; il se chargea d’apprendre au grand maréchal qu’Adhémar était à Paris, où il attendait les ordres de Sa Majesté.
— Il ne vous fera pas venir en ce moment, dit le général, car il est dans un tel enchantement de l’arrivée de Marie-Louise qu’il voudrait pouvoir éloigner sa cour pendant un mois entier pour le passer tête-à-tête avec elle ; on dit même, entre nous, qu’il n’a pas attendu la bénédiction nuptiale pour user de ses droits, ce qui désole Madame mère, dont la dévotion égale presque la superstition : aussi redoute-t-elle beaucoup pour l’avenir d’un mariage consommé avant d’être béni ; elle va jusqu’à prédire malheur aux enfants qui en doivent naître.
— Eh bien, je m’étonne que l’empereur se soit affranchi de