tout haut colorait d’une teinte rose éclatante, excitaient l’admiration de tous les hommes.
Le salon qui sert ordinairement à l’exposition des tableaux de nos artistes avait été disposé ce jour-là en sainte-chapelle : les murs, auxquels on avait adapté des tribunes, étaient recouverts de tentures en velours bleu brodé d’abeilles d’or ; des colonnes, soutenant un dais chargé de panaches blancs et de riches draperies, servaient de dôme à un maitre-autel resplendissant ; enfin, tous les ornements que la magnificence et le génie des artistes avaient pu réunir dans ce lieu destiné à une si pompeuse cérémonie frappaient les regards ; mais il y manquait cet aspect solennel des monuments gothiques consacrés depuis tant de siècles à nos cérémonies religieuses. Ce salon converti en temple, cet autel improvisé, au-dessus duquel on croyait voir encore un de ces tableaux mythologiques qui étaient à cette même place quelques mois auparavant, n’imposaient point à l’imagination ; on s’y croyait au spectacle, à une représentation extraordinaire, et non pas à la célébration d’un acte religieux. Quelle différence de cette pompe théâtrale avec celle dont les Parisiens avaient été témoins à Notre-Dame le jour où l’empereur et Joséphine reçurent la couronne des mains du saint-père ! et cependant alors la foule était moins grande, le luxe moins éclatant ; ce n’était pas une réunion si complète des puissances de l’Europe ; on n’y voyait point couronner la fille des Césars. Mais sous ces arceaux gothiques, au pied de cet autel consacré par tant d’actes religieux de notre vieille histoire, la présence de Dieu se faisait encore mieux sentir ; et lorsque le saint-père se leva, lorsque ses mains accoutumées à bénir le monde du haut de la chaire de saint Pierre s’étendirent sur la tête du héros, on crut que le ciel même bénissait la gloire de la France.
Mais à cette cérémonie du mariage, la puissance de l’homme semblait faire oublier la puissance suprême. On ne pensait qu’à Napoléon ; on repassait en idée son histoire. Le visage maigre du petit caporal, son teint hâlé par le soleil d’Italie, son front assombri par les veilles, apparaissaient