mait pas davantage à voir cette troupe de chambellans, où les No…, les Gont…, les Beauv…, les Montes…, les Clerm… marchaient sur la même ligne et portant les mêmes couleurs que le fils d’un banquier et de sa cuisinière. Madame Ziamanoff, pour qui la mode était la seule aristocratie puissante, défendait les parvenus en raison de leurs jolies figures, de leur tournure élégante, et de la dépense qu’ils faisaient pour suivre ou pour donner la mode.
Madame de Lorency écoutait avec indifférence la conversation de ces deux voisines lorsqu’elle entendit prononcer le nom de son mari par la moins jeune.
— Ah ! montrez-le moi, dit la princesse ; on dit qu’il est charmant : j’en ai beaucoup entendu parlera Vienne. Est-il vrai que l’empereur l’ait forcé d’épouser la fille d’un parvenu, et que, malgré la fortune qu’elle lui a apportée, il ne peut s’habituer à vivre avec elle ?
Un geste de madame Ziamanoff empêcha la princesse de continuer ; elles se mirent à causer plus bas, et madame de Lorency devina que madame Ziamanoff apprenait à son amie qu’elle se trouvait à côté de cette parvenue dont elle parlait avec tant de dédain. Alors la princesse se tourna du côté d’Ermance, et la considéra longtemps avec toute l’attention d’une curiosité malveillante.
— Cependant elle est assez jolie, dit-elle en se retournant vers madame Ziamanoff.
— Et plus aimable qu’on ne croit, ajouta madame Ziamanoff, de manière à être entendue d’Ermance.
— Elle doit être en adoration devant un tel mari, reprit la princesse ; elle doit l’assommer de sa jalousie.
— Rien ne donne lieu de le croire, car elle reçoit la…
Ici la voix de madame Ziamanoff baissa et l’on n’entendit plus rien ; mais la princesse ayant demandé au même instant si une femme, qu’elle désignait parmi les dames du palais, n’était point la duchesse d’Alvano, Ermance acheva sans peine la phrase de madame Ziamanoff.
— C’est ce qu’on appelle une belle femme, dit la princesse après avoir lorgné madame d’Alvano ; mais je comprends