Page:Nichault - Un mariage sous l empire.djvu/165

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mariage, et vous pensez bien que personne n’ose lui adresser un mot à ce sujet.

— Savez-vous bien, dit Ferdinand, que cette conduite donne de grands soupçons sur l’innocence de la princesse avant son mariage ?

— Ou sur la raison de son mari, dit madame de Cernan. Il faut être bien fou ou bien méchant pour s’amuser ainsi à déshonorer sa femme.

— Qui sait ? dit Adhémar, il y a quelquefois de si tristes mystères entre deux êtres que des parents ont unis sans s’inquiéter de savoir s’ils se convenaient, qu’on devrait les juger moins sévèrement. Le prince Raniesky s’est peut-être aperçu que sa femme le detestait, et il n’a pas voulu abuser de sa résignation ?

— Bon ! ce sont de ces délicatesses françaises inconnues dans tout le reste de l’Europe, dit M. de Castelmont, et je parierais bien que la rupture du prince a une autre cause : au reste, on la connaîtra bientôt, car j’ai la certitude que tous les secrets de ce genre finissent toujours par se dévoiler.

L’état d’Ermance pendant cette conversation inspirait de vives crainte à M. de Montvilliers ; il admirait son courage, et faisait de vains efforts pour empêcher qu’on ne le mit trop longtemps à l’épreuve.

— N’est-ce pas qu’elle était belle avec cette guirlande de lis ? disait-il à M. de Castelmont en montrant Ermance.

— Adhémar doit le savoir aussi bien que moi, répondit Auguste, car on ne parlait que de la beauté de madame de Lorency autour de nous.

— Il est vrai que chacun vous trouvait mise à merveille, dit Adhémar.

— Voilà bien les maris, dit Ferdinand, n’osant jamais dire franchement une vérité agréable ! Sans doute, madame de Lorency était mise, comme toujours, avec un goût parfait ; mais on admirait beaucoup plus sa personne que sa parure ; je le sais par tous les gens que je viens de voir chez la duchesse de L…, et qui la proclamaient, à l’unanimité, la plus belle de toutes les femmes qui ornaient la chapelle,