Page:Nichault - Un mariage sous l empire.djvu/167

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— N’importe, dit Ferdinand, je le crois un peu tourmenté de jalousie, et cela m’amuse.

— Quelle folie ! reprit Ermance.

— Jaloux ! et de qui ? s’écria madame de Cernan ; Ermance n’a pas l’ombre de coquetterie pour personne, c’est un tort que je lui reproche. Adhémar serait plus assidu auprès d’elle, s’il risquait plus souvent de la retrouver entourée d’admirateurs.

— Sans doute, rien de plus maladroit que la perfection, dit Auguste en s’adressant à Ermance ; mais, pour être ainsi dupe, vous l’aimez donc encore comme au premier jour ?

— Ah ! bien davantage ! répondit-elle avec un accent pénétré.

— Allons, il n’y a rien à faire, reprit M. de Castelmont ; ce damné de Lorency les ensorcelle toutes.

— Si pourtant vous vous ravisiez, ajouta M. de Maizières en riant, pensez à ses meilleurs amis.



XXVII


M. de Montvilliers, que le changement d’humeur de M. de Lorency avait livré à plusieurs conjectures, s’était arrêté à l’idée que la duchesse d’Alvano en était la seule cause. Adhémar venait de passer deux jours auprès d’elle à saint-Cloud, et, malgré les obstacles, elle avait dû parvenir à être assez longtemps avec lui pour chercher à regagner son cœur, ou du moins à le tourmenter. M. de Montvilliers ne redoutait pas une grossière dénonciation de sa part ; il savait qu’Adhémar en eût été trop révolté pour l’écouter avec confiance ; mais il craignait les insinuations perfides et les témoignages patelins de cette espèce d’intérêt qu’on porte aux dupes. Ermance n’était pas moins inquiète de la raison qui maintenait Adhémar dans la disposition malveillante qu’il avait montrée depuis son retour de saint-Cloud ; et si sa faute n’avait pas rendu toute explication impossible entre eux, elle se serait coura-