Page:Nichault - Un mariage sous l empire.djvu/186

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


XXX


Dès qu’Adhémar sut que le président était visible, il alla savoir de ses nouvelles, et le trouva dans son cabinet, s’entretenant avec son médecin sur l’état du petit Léon, que tenait sa nourrice, tandis que Mélanie s’amusait à le faire sourire. Le président dit bonjour à M. de Lorency, sans cesser d’écouter le docteur.

— Ce serait risquer sa vie, disait-il en montrant les bras maigres et délicats de l’enfant ; il ne faut pas penser à le vacciner en ce moment. Si par un miracle dont l’honneur sera dû tout entier à cette bonne nourrice, il acquiert un peu plus de force, nous tenterons alors… mais je ne vous ai jamais trompé sur l’état de cet enfant-là, vous le savez.

— C’est bien dommage, dit Mélanie, il est si gentil ! c’est tout le portrait de sa mère !

En ce moment Adhémar s’approcha de Léon et le regarda d’un air de pitié qui prouvait combien il croyait aux présages du docteur.

— Si nos soins ne peuvent le conserver, dit le président, laissons-en toujours l’espoir à sa mère ; et vous, bonne Geneviève, ajouta-t-il en glissant une pièce d’or dans la main de la nourrice, ne pleurez pas ainsi, car ma nièce devinerait bientôt la cause de votre chagrin, et il est inutile de l’affliger d’avance. Promettez-moi tous de ne pas répéter un mot de ce que vient de nous dire le docteur.

— Ce n’est pas moi qui le lui répéterai, je vous jure, répondit Mélanie ; je n’ai pas envie de la voir mourir de surprise et de douleur, car elle ne se doute pas que ce pauvre petit soit si faible, et quand je l’entends parler du plaisir qu’elle se promet de l’élever, de renoncer à tous les plaisirs du monde pour se consacrer à son éducation, j’en ai les larmes aux yeux.

Une profonde tristesse se peignit alors sur le front d’Adhé-