trice, afin de donner à un grand nombre de personnes l’honneur de danser avec elle. On était accouru de tous les autres salons pour la voir : elle venait de descendre la colonne, lorsqu’une jeune personne qui était à côté de la nièce du prince de Schwartzemberg et fort près de l’empereur, s’écria avec effroi : « Le feu !…, le feu est là » et elle montrait une guirlande de fleurs artificielles qu’une bougie inclinée venait d’embraser à l’entrée de la galerie.
— Ce n’est rien, ce n’est rien, dit l’empereur en retenant le bras de mademoiselle *** ; ne vous effrayez pas.
En disant cela il regardait MM. P… et de G…, et plusieurs autres personnes qui cherchaient à décrocher la guirlande et à se rendre maîtres du feu. Mais le courant d’air avait déjà porté la flamme du côté de la salle avec une telle rapidité que, malgré tous leurs efforts, elle gagna en une seconde toutes les guirlandes suspendues aux colonnes de bois qui soutenaient le plafond. Alors, perdant tout espoir d’arrêter l’incendie, la foule se précipita vers les deux seules issues que l’on avait pour s’enfuir de ce gouffre enflammé. Une petite porte réservée pour le service de l’empereur, près de l’estrade, protégea sa sortie et celle des princesses ; mais rien ne saurait peindre la terreur des malheureux que trop de confiance dans le secours des pompiers, peut-être aussi dans la présence de l’empereur, avait empêchées de s’élancer dans le jardin quand on le pouvait encore. Enchaînés sous cette voûte dont la charpente commence à s’ébranler, ils entendent craquer les marches du perron ; elles s’enfoncent bientôt sons les pieds des élus qui ont pu y parvenir ; alors chacun cherche à sauver ce qu’il aime le mieux. Là plus de devoir, plus de secret, l’amant arrache sa maîtresse au bras de son vieux père trop faible pour braver la foule ou l’incendie, l’egoïste repousse la femme qui s’attache à lui pour l’aider à sortir du passage où on l’étouffe ; la mère appelle à grands cris sa fille et va la chercher jusqu’au milieu des flammes.
Abandonnée par son illustre danseur, par le prince Eu…, dont la femme prête d’accoucher réclame avant tout sa protection, Ermance voit les issues assiégées et frémit de l’im-