Page:Nichault - Un mariage sous l empire.djvu/216

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sant à votre gré de tous les détails qui en doublent l’intérêt. Convenez qu’il eût été dommage de mettre sur le compte d’un mari tout ce que vous imaginiez d’élégant, de poétique.

Ainsi, Adhémar chercha, en plaisantant, à se justifier de son silence, et surtout à atténuer le mérite d’une action qu’il prétendait avoir été à peu près celle de tous les gens témoins de cet horrible incendie.

Pendant qu’on discourait sur ce sujet, Ermance, agitée par un sentiment de bonheur étranger à son âme, craignait d’entendre un mot qui le gâtât, une inflexion qui la rendît plus calme ; maudissant la présence des gens qui l’empêchaient de se livrer à sa reconnaissance, elle espérait qu’en ne faisant aucun frais pour eux ils se retireraient plus tôt ; mais M. de Maizières et son jeune ami les captivèrent longtemps par leur conversation et la manière amusante dont ils se moquaient d’eux-mêmes à propos de leur ruse si bien déjouée ; enfin, l’heure avancée obligea de se séparer. M. Brenneval, resté le dernier avec sa fille et son gendre, serra la main de celui-ci avec une profonde émotion : il y avait dans ce geste cordial, dans les yeux humides de ce bon père, tout un traité de reconnaissance paternelle.



XXXV


— Pourquoi m’avoir caché que c’était vous ? dit Ermance dès que son père fut sorti.

— Mais… peut-être pour vous laisser dans une douce erreur, répondit Adhémar en souriant.

— Ce soupçon devrait m’offenser, reprit-elle ; mais en ce moment rien ne peut m’affliger…, pas même vous.

À ce mot Adhémar la regarda avec étonnement, car jamais il ne l’avait entendue lui parler d’une voix plus douce.

— Dites-moi, ajouta-t-elle, comment il se fait qu’étant ce soir-là tout occupé de la princesse… Ranieska…, vous ayez pensé au danger que je courais ?