Page:Nichault - Un mariage sous l empire.djvu/22

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reur. Le général lui-même se serait vu accusé de manquer de zèle, de crédit sur ceux qu’il commandait, et il bénissait le motif quelconque qui soumettait la volonté de son aide de camp, heureux de penser qu’il évitait par là ce qu’à la cour on appelait une bourrasque. Il est à remarquer que la plupart des généraux qu’une batterie de canons ne faisait point broncher reculaient devant l’idée d’avoir à subir un moment d’humeur de la part du maître. Rien peut-être ne donne plus l’idée de la puissance de Napoléon : on bravait mille morts pour obtenir de lui le moindre éloge ; on était sans courage pour lui déplaire.



IV


Le général Donavel ne quitta M. de Lorency qu’après lui avoir fait promettre de l’accompagner le lendemain matin chez l’empereur, pour le remercier de son nouveau grade ; en vain Adhémar chercha-t-il à se dispenser d’accomplir ce devoir, un jour où tout le monde était réuni pour faire sa cour et quêter un mot au sortir de la messe ; en vain prétendit-il qu’étant en grand deuil on l’excuserait de retarder ses remercîments d’un jour, son général lui affirma que nulle considération de ce genre ne serait admise, et que puisqu’il était décidé à se résigner aux faveurs dont on voulait le combler, il fallait s’immoler de bonne grâce.

Malgré tout ce qui l’engageait d’une manière irrévocable, Adhémar conservait encore l’espérance qu’un obstacle quelconque s’opposerait à l’accomplissement du mariage pour lequel il éprouvait une si extrême répugnance. Il ne concevait pas comment sa tante, madame de Cernan, pouvait accorder une semblable union avec ses idées d’aristocratie et son profond dédain pour ce qu’elle appelait les bourgeoises dorées et les manants titrés de la cour de Bonaparte. Il pensa que le général Donavel s’était abusé sur ce qu’elle lui avait dit à propos de mademoiselle Brenneval, et que la politesse de madame de Cernan ne lui permettant pas de montrer au gé-