sur les fonds baptismaux. Le nom de Lorency, mêlé à celui de Napoléon, la fit tressaillir ; l’idée de trahir à la fois ce qu’il y a de plus sacré, de plus saint et de plus puissant, couvre son front d’une rougeur que le remords seul fait naître ; il lui semble que chacun lit sur son front coupable la cause de sa honte ; et l’intérêt de son enfant, la promesse qui la lie, tout cède à l’horreur d’un parjure ; elle est prête à confesser son crime aux pieds des autels, devant le souverain terrestre dont le pouvoir fuit trembler l’Europe, devant cette foule curieuse dont le mépris va l’accabler. Le spectacle de tant de colère, de malédictions suspendues sur sa tête ne la retient pas ; elle est sûre d’y succomber ; elle est sûre de s’affranchir par là de l’horreur d’un sacrilége : s’accuser et mourir, voilà le seul espoir qui lui reste… Mais Adhémar… À ce souvenir, la raison, la générosité du cœur d’Ermance triomphent de la soif de se délivrer du fatal secret qui l’oppresse, d’expier, par une humiliation sans exemple, un crime qui n’eut pas même l’amour pour excuse ; elle rassemble ses forces pour subir jusqu’au bout cette cruelle épreuve ; mais, épuisée par tant d’émotions poignantes, elle ne se soutient plus que par l’effet d’une contraction nerveuse qui fait trembler tous ses membres ; elle craint de ne pouvoir supporter plus longtemps le fardeau qu’elle tient, et, dans sa frayeur de le voir tomber, elle le serre avec tant de violence sur son sein que le pauvre enfant se met à crier.
Ce cri produit sur Ermance un effet magnétique, il la rend soudain à tous les sentiments d’une mère ; ses remords, son désespoir sont distraits tout à coup par le besoin de calmer la douleur, d’apaiser les cris de son enfant, et lorsque, la cérémonie terminée, elle le remet aux bras de sa nourrice, elle se reproche d’avoir eu la pensée de l’abandonner pour jamais.
Dès qu’il fut permis de se retirer, Ermance s’empressa de se soustraire à l’observation de tant de personnes que l’agitation où elle se trouvait commençait à frapper ; elle revint seule avec son enfant et la nourrice. Madame de Cernan et M. de Lorency étaient tous deux de service à Fontainebleau.
En sortant de la chapelle, l’empereur s’approcha des pa-