Page:Nichault - Un mariage sous l empire.djvu/246

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lui obéir : je ne sais ce qu’il a contre lui, mais il le hait à faire plaisir.

— Eh mon Dieu ! ce sont les sots propos qu’on débite dans le monde qui en sont cause et qui m’empêchent de plaider moi-même pour Natalie. Je vous affirme que si j’avais un moyen de lui parler d’elle sans que chacun pût mal interpréter notre entretien, je le ferais sans hésiter, certaine qu’il ne pourrait tirer aucun avantage de ma démarche.

— Eh bien, rien n’est si facile, reprit Ferdinand ; l’archi-chancelier donne, mardi prochain, un bal masqué où tout Paris est invité ; Albert y sera, venez-y ? Quel que soit votre masque, il vous devinera, j’en suis sûr, et vous pourrez lui parler librement des sentiments qu’il inspire.

— Cela est impossible : j’ai refusé ce matin à madame de Volberg d’y conduire Natalie, et j’ai dit à madame de Cernan que j’étais bien décidée à n’y point aller.

— Raison de plus pour vous en donner le plaisir ; mais comme vous ne sauriez pas même mentir à propos d’un bal, eh bien, il faut leur dire tout simplement que vous avez changé d’avis.

— Songez donc que je n’ai été chez personne cet hiver, et que, refusant toutes les invitations sous prétexte que mon oncle est souffrant, on trouvera fort ridicule de me rencontrer au bal.

— D’abord, vous n’êtes pas forcée de vous y faire reconnaître à tout le monde ; ensuite, si vous vous laissez décourager dans une bonne action par la crainte de paraître ridicule, vous n’en ferez jamais.

— Au fait, j’ai la conscience du sentiment qui me dirige, reprit Ermance, et je compte sur vous pour l’attester… Je réfléchirai au conseil que vous me donnez… mais ne parlez pas de ceci au comte Albert, je vous prie. Natalie doit venir aujourd’hui dîner avec moi : sa disposition calme ou triste fixera mes projets.

L’arrivée de mademoiselle Ogherman interrompit cette conversation. Elle était encore plus abattue qu’à l’ordinaire ; ses