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XLII


Depuis le jour du bal de l’archichancelier, Ermance, plus triste qu’elle ne l’avait encore été, ne sortait plus de chez elle. En vain M. de Maizières lui répétait-il sans cesse qu’elle avait tort de prendre au mot le refus du comte Albert, que c’était un procédé indispensable de sa part, mais que ce devoir accompli envers son amour, il se laisserait vaincre par des instances réitérées ; enfin, qu’en lui vantant souvent le bonheur d’être aimé d’une personne si distinguée, il finirait par y être sensible. Ermance, découragée par tant de chances contraires, ne voulait plus s’exposer à de nouvelles calomnies. Mademoiselle Ogherman, sans connaître la cause du surcroît de peine qui accablait son amie, s’efforçait de l’en consoler par les soins les plus tendres et ne la questionnait point. Cette affection profonde entre deux personnes qui s’entendaient sans jamais se confier l’une à l’autre avait un charme mystérieux et une puissance de consolation toute particulière : on eût dit que la situation, les faits, les causes, n’entraient pour rien dans cette amitié, et que la sympathie seule en était le lien. Cependant Natalie n’ignorait pas que son malheur venait d’Ermance ; mais tel était l’ascendant de madame de Lorency sur ceux qu’elle aimait, qu’on oubliait près d’elle jusqu’à la rivalité.

L’hiver touchant à sa fin, Ermance pensait déjà à quitter Paris, lorsque sa femme de chambre entra un matin chez elle plus tôt qu’à l’ordinaire.

— J’ai pensé, dit-elle, que madame m’excuserait de la réveiller aujourd’hui de si bonne heure, lorsqu’elle apprendrait…

— Quoi ! qu’avez-vous à m’apprendre ? demanda vivement Ermance. Léon est-il malade ?

— Grâce à Dieu, je n’ai qu’une bonne nouvelle à vous donner… Madame n’a donc pas entendu un bruit de voitures cette nuit ?

— Si, vraiment. Le bal de la princesse Pauline a fini bien