Page:Nichault - Un mariage sous l empire.djvu/281

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val à la dernière poste pour devancer sa maîtresse, s’élance à la portière :

— Monsieur n’est pas plus mal, dit-il ; je viens de l’entendre dire moi-même au chirurgien qui sortait de sa chambre ; mais comme il a défendu que personne ne le vit en ce moment, je crois que madame ferait bien de venir tout de suite dans l’appartement que je lui ai fait préparer ; il y a un bon feu, et Étienne viendra y parler à madame dès qu’il le pourra.

La crainte, l’émotion d’Ermance en écoutant Francisque, la plongèrent dans une sorte de stupeur. On fut obligé de la soutenir pour la conduire à sa chambre, le froid faisait trembler ses membres et claquer ses dents. Quand la chaleur l’eut un peu ranimée, son inquiétude redevint plus vive, elle s’imagina que Francisque la trompait par pitié, et elle voulut voir Étienne, sûre de deviner, à l’expression de son visage, le véritable état de son maître ; mais quand, après une heure d’attente, il entra chez elle, les traits défigurés, les lèvres pâles, avec l’attitude d’un homme embarrassé qui cherche la moins triste réponse à faire aux questions qu’on va lui adresser, elle ne soupçonna point que les fatigues de la campagne et la maladie eussent seules opéré un tel changement sur Étienne, elle crut Adhémar à l’agonie, et s’écria avec force qu’elle voulait le voir, qu’elle était sa femme, et qu’on ne pouvait l’empêcher de le soigner, de mourir de douleur près de son lit de mort.

Pendant ce temps, Étienne lui jurait, sur tout ce qu’il avait de plus sacré, que son maître était sauvé, que le docteur en répondait si aucune agitation ne venait détruire le mieux que le malade éprouvait, car la fièvre menaçait de devenir cérébrale, ajouta-t-il. Depuis deux jours il ne nous reconnaissait plus ; mais ce matin, il a parlé ; son pouls est meilleur, et s’il ne survient pas de nouvelle crise…

— Étienne, mon cher Étienne ! interrompit Ermance en tâchant de se calmer, je vous crois, vous êtes un trop brave garçon pour vouloir m’abuser, n’est-ce pas ?… Mais ne vous serait-il pas possible de me faire entrer dans sa chambre sans qu’il m’aperçût ? Je vous promets de ne pas approcher de lui ;