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Page:Nichault - Un mariage sous l empire.djvu/291

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de le voir gardant près de lui ce présent qu’il tenait d’elle ! Mais Étienne lui fit observer qu’après une journée pareille, le sommeil de la nuit serait souvent interrompu, et qu’il serait imprudent de risquer une surprise dont l’effet pourrait être dangereux.

Ermance se résigna ; elle fut récompensée d’un si grand sacrifice en apprenant le lendemain qu’en dépit de plusieurs heures d’insomnie, Adhémar se trouvait beaucoup mieux, et qu’il ne pensait plus qu’à reprendre assez de force pour se mettre en route. Deux jours après, Étienne prévint madame de Lorency qu’à la suite d’une scène assez vive, où son maître venait de déclarer sa résolution de retourner seul à Paris, les gens de la princesse avaient reçu l’ordre de tout préparer pour son départ le soir même.

— Dieu soit loué ! ajouta Étienne, nous allons être délivrés de bien des embarras et de ces femmes, qui se plaignent sans cesse des chemins, des auberges, qui ont peur des voleurs, des revenants, et qui, en ayant l’air de vous donner des soins, vous forcent toujours à vous gêner pour elles. Parlez-moi des Françaises pour voyager agréablement : elles trouvent tout bien, et ne s’évanouissent pas à chaque relais.

— Vous croyez qu’elle se décidera à partir sans vous ? demanda Ermance d’un air incrédule.

— Oh ! maintenant, j’en suis certain ; monsieur lui a donné des raisons auxquelles il a bien fallu se rendre.

— Si je pouvais compter sur ce départ… mais non, elle ne parait céder à ce qu’il exige que par convenance, par égard, peut-être, ajouta Ermance en soupirant, elle saura l’amener à se rétracter.

— Je ne le pense pas, madame ; le médecin a déclaré tout à l’heure que monsieur étant en pleine convalescence, il pourrait continuer sa route après-demain, pourvu qu’il eût un lit dans sa voiture, car sa jambe a besoin d’être étendue, et ils disent bien qu’elle sera encore longtemps à guérir. Si vous aviez pu voir la joie de monsieur quand il a su qu’il serait dans peu de jours à Paris, j’ai cru qu’il en deviendrait fou ; il m’a envoyé sur-le-champ commander tout ce qu’il fallait pour