auprès de l’empereur, et madame de Lorency pensait qu’à Paris seulement son mari trouverait les secours nécessaires pour hâter sa guérison. Ils se mirent en route dès le lendemain. Le temps qu’Ermance n’employait pas à soigner Adhémar se passa à écouter avidement le récit des revers et des maux dont il avait été victime ou témoin pendant la funeste campagne de Moscou.
Arrivés à Metz, Adhémar reconnut un des gens de la princesse Ranieska sur la porte de l’hôtel où ils allaient descendre ; il prit un air soucieux qui n’échappa point à madame de Lorency. Un moment après, Étienne lui remit une lettre qu’il lut pendant qu’on l’aidait à monter l’escalier. Ermance, craignant de le gêner dans la réponse qu’on attendait de lui, le devança ; mais elle avait à peine fait quelques pas qu’elle entendit Adhémar s’excuser de ne pouvoir se rendre aux ordres de la princesse, en ajoutant qu’il allait beaucoup mieux, mais que madame de Lorency étant souffrante, il passerait la soirée près d’elle. C’était quelque chose de curieux que de voir la figure rayonnante d’Étienne en écoutant cette réponse, et son affectation à crier à Francisque de ne point oublier la pelisse de madame qui était dans la voiture à côté du portefeuille de monsieur.
— Enfin madame sera logée convenablement ici, dit-il en entrant pour déposer les malles dans une belle chambre où Ermance établissait Adhémar au coin d’un bon feu, elle ne gèlera pas comme dans cette petite chambre de Mayence et dans ce froid corridor où la neige…
Ermance s’empressa de l’interrompre par un regard, car il allait raconter devant son maître tout ce qu’ils étaient convenus de lui laisser ignorer.
En effet, quelle différence entre son arrivée à Metz et son séjour dans cette autre maison où régnait sa rivale ! entre la triste consolation de contempler un instant et furtivement celui qu’elle aimait et le plaisir de le voir, de le soigner à toute heure ! Dans sa joie de se sentir ainsi remontée à son rang, Ermance oubliait la faute qui l’en avait fait descendre ; elle aurait voulu prolonger ce voyage, peut-être même la