dévorait Ermance. M. Raymond approuvait trop celle mesure de prudence pour ne pas s’y conformer. D’abord, en tâtant le pouls de l’enfant, il garda longtemps un silence effrayant ; mais ayant remarqué avec quelle anxiété les yeux de la mère l’interrogeaient, il prit un air moins sombre, et prédit que la nuit serait calme.
— Si la toux continue à s’apaiser, ajouta-t-il, il sera demain hors de danger.
— Le croyez-vous, monsieur ? demanda Ermance, en se méfiant de la pitié du jeune chirurgien.
— Je vous l’affirme, madame, reprit-il, et je vous engage à vous reposer cette nuit pour être mieux en état de le soigner demain.
Ermance ne répond pas à cette recommandation, mais elle se fait répéter ce qu’il faut donner au petit malade pendant la nuit. Alors on le voit qui commence à s’assoupir, et M. Raimond insiste pour qu’on respecte son sommeil ; il ordonne que toutes les personnes qui se trouvent là, à l’exception d’une, sortent de la chambre, car il est essentiel d’y maintenir un air pur. La nourrice de Léon, qui était accourue au château à la première nouvelle de la maladie de son dernier nourrisson, s’offre pour le veiller. Madame de Lorency ne le permet pas : alors la femme de chambre d’Ermance et la nourrice s’établissent dans le petit salon qui précède sa chambre ; mais la bonne nourrice sanglote de manière à être entendue de toute la maison. Le cœur d’Ermance n’y peut tenir ; elle appelle mademoiselle Rosalie.
— Emmenez cette pauvre Madeleine dans votre chambre, dit-elle ; ses pleurs m’ôtent tout mon courage ; allez, je sonnerai si j’ai besoin de vous.
Mademoiselle Rosalie insiste vainement pour rester avec sa maîtresse, Ermance veillera seul près de son enfant.