Page:Nichault - Un mariage sous l empire.djvu/306

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la douleur a vaincu mes remords, mon amour… Je n’aime plus que lui… lui dont la vie était mon crime, lui que tu haïssais, lui ce malheureux enfant dont je te supplie à genoux de respecter la mort ! Ah !… tu me le laisseras deux jours encore, n’est-ce pas ?… deux seuls jours… et puis tu ne nous reverras plus… plus jamais, je te le jure.

En cet instant, plusieurs des gens de la maison qui veillaient près de l’appartement d’Ermance accourent à sa voix, et restent stupéfaits de l’affreux spectacle qui frappe leurs yeux. Ils cherchent vainement à éloigner Ermance du corps de son enfant ; elle le presse sur son sein comme s’il devait y retrouver la vie ; ce n’est que lorsque, épuisée par tant d’émotions déchirantes, elle s’évanouit, qu’on peut l’arracher de ses bras.

Alors, M. de Montvilliers et Mélanie lui prodiguent tous leurs soins, tandis qu’Adhémar, dont le visage est inondé de larmes brûlantes, s’écrie :

— Ne la quittez pas !



L


C’était le troisième jour après ce triste événement ; l’enfant reposait déjà sous la pierre de la chapelle, et sa mère, gardée par Mélanie pleurait en silence ; Adhémar subissait la peine de l’imprudence qu’il avait faite en cédant à son inquiétude, et en se traînant jusque chez Ermance, malgré sa blessure et les prières d’Étienne. Le chirurgien assurait que M. de Lorency souffrait beaucoup ; mais rien, à l’exeption de quelques mouvements qu’il cherchait à réprimer, ne donnait l’idée de sa souffrance. Depuis la nuit horrible où il avait tout appris du désespoir d’Ermance, nulle question sur elle, pas un mot n’était sorti de sa bouche, et chacun mettait cette tristesse sombre sur le compte d’un regret paternel ; on n’osait tenter de la distraire.

Natalie, instruite par M. de Montvilliers du désespoir de son amie, arriva bientôt. Hélas ! la nouvelle d’un autre malheur