Page:Nichault - Un mariage sous l empire.djvu/52

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

— Non, répond Ermance, rien ne peut plus m’étonner, dis…

— Eh bien, la pensée que la duchesse d’Alvano pouvait être celle dont parlait madame de V…

— Quelle folie ! elle qui a fait mon mariage ! cela est impossible.

— Je ne sais, reprit Caroline d’un air fin ; mais elle est toujours ici dans un état d’agitation, de sensibilité ou d’observation qui m’est suspect : au reste, et il est facile de se convaincre du fait, il était midi lorsque madame de V… a rencontré ton mari à Livry ; je chargerai Denise, la femme de chambre qu’elle avait à la pension, de savoir de celle de madame d’Alvano si sa maitresse n’a pas été hier à la campagne.

— Je te prie de ne faire aucune démarche à ce sujet ; je ne veux pas que mes gens soupçonnent…

L’annonce d’une visite interrompit Ermance : c’était la duchesse d’Alvano et M. de Maizières.

— Il vient de m’apprendre à l’instant le départ de M. de Lorency, dit la duchesse en montrant Ferdinand ; et je me suis empressée de venir savoir de vos nouvelles. J’espérais vous embrasser hier matin, mais il a pris fantaisie à l’impératrice d’aller se promener à la Malmaison.

Tout cela fut dit d’un ton si naturel que les soupçons de Caroline se dissipèrent. Cependant elle continua à porter sur Euphrasie un regard observateur qui parut l’importuner.

— Je me promettais de passer la soirée avec vous, ajouta Euphrasie, à la Comédie française ; mais le désir d’obtenir la permission d’aller aux eaux m’oblige à une grande exactitude dans mon service actuel. En vérité, nous sommes aussi par trop esclaves ; habillées dès neuf heures au château, les promenades de la matinée et les cercles du soir nous accablent de fatigue.

— De tous temps les honneurs de cour ont eu leurs inconvéniens, dit M. de Maizières ; mais aussi que d’avantages ; comme on en fait accroire aux pauvres gens de la ville !

— Beau plaisir ! reprit la duchesse avec humeur.