Page:Nichault - Un mariage sous l empire.djvu/79

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difficile, et l’armée restait là comme le plus fort argument en faveur des volontés de Napoléon. Les officiers chargés des dépêches de l’empereur à l’archi-chancelier ou au ministre de la guerre avaient seuls la possibilité de passer quelques jours à Paris après avoir rempli leur mission. Adhémar eut l’idée de solliciter comme une faveur d’être chargé du premier message qui serait envoyé au ministre. Le général Donavel le lui fit obtenir, et il partit pour Paris sans avoir le temps de prévenir sa femme et son beau-père.

La joie de M. Brenneval en le voyant arriver fut expansée.

— Quelle douce surprise pour Ermance ! s’écria-t-il en embrassant son gendre ; la pauvre enfant a tant souffert de son inquiétude pendant que vous vous battiez qu’elle en est encore languissante ; mais votre présence va la ranimer. Allons déjeuner, et partons.

— Oui, partons, répéta M. de Lorency ; j’ai si peu de moments à rester avec vous deux que je n’en veux perdre aucun.

— Que de choses vous avez à nous raconter ! Mais la paix est assurée, n’est-ce pas ? vous allez tous revenir cet hiver, et si l’empereur ne s’entête pas à la guerre d’Espagne, on pourra du moins respirer jusqu’à ce qu’il lui plaise d’aller se faire roi des Grandes-Indes.

— Il est occupé en ce moment, dit-on, d’un projet moins destructeur, reprit Adhémar ; mais nous causerons de cela en allant à Nanteil. Vos chevaux sont mis ; montons en voiture.

Pendant ce court trajet, les questions de M. Brenneval ne cessèrent de croiser celles que lui adressait son gendre sur le séjour qu’Ermance avait fait aux eaux, sur ses occupations depuis son retour à la campagne.

— Ne me parlez point de cette vie des eaux, repondit M. Brenneval, c’est un enfer de plaisirs plus fatigants les uns que les autres : on commence par s’y noyer l’estomac avec une eau fétide au bruit d’une harmonie étourdissante, ensuite on fait de grandes courses à cheval ; puis cinquante visites ; des dîners sur l’herbe, des concerts, des bals, des arrivants, des partants, et par-dessus tout cela des bains d’eau bouil-