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Page:Nichault - Une aventure du chevalier de Grammont.djvu/16

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THERME.

Ah ! nous ne serions pas exilés de Paris,
Si d’un trop noble amour il eût su se défendre :
À des plaisirs de roi monsieur osa prétendre,
Et d’un rival puissant il subit le courroux.

LA MARQUISE.

Sans doute il fut aimé ?

THERME.

Sans doute il fut aimé ?Quelque démon jaloux
Le voulut.

LA MARQUISE, avec affectation.

Le voulut.Ah ! vraiment, je n’en suis pas surprise.

THERME, à part.

Elle soupire !… Allons, encore une de prise.

LA MARQUISE.

Il dut être bien triste en partant pour Turin ?

THERME.

Nous nous sommes un peu divertis en chemin.
La douleur, voyez-vous, a besoin d’assistance,
Et nous avons joué pour tromper la souffrance.

LA MARQUISE.

Ainsi tous les amants qui partent désolés,
Lorsque la route est longue, arrivent consolés.
Mais avec ces plaisirs qu’on prend sans conséquence,
On trompe les absents, aussi bien que l’absence.
Est-ce encor pour charmer ses regrets douloureux,
Qu’ici le Chevalier paraît tant amoureux
De Delphine ?

THERME.

De Delphine ?Amoureux !

LA MARQUISE.

De Delphine ? Amoureux !A-t-il vraiment pour elle
Un sentiment profond ?

THERME.

Un sentiment profond ?Elle est jeune, elle est belle :
Mais aux femmes de cour mon maître accoutumé,